Ouverture sous la pluie : le « Rainmaster » en pole

Alors que l’air de Silverstone en Grande Bretagne, ce 6 juillet 2025, était chargé d’une électricité palpable et d’un mélange d’humidité. On retrouve dans les tribunes une marée humaine où le Orange papaye de Mclaren s’était privatisé une tribune en vert fluo (la Tribune Lando Norris), se mêlant au rouge écarlate de Ferrari pour la venue de leurs prince sir Lewis Hamilton. L’odeur de la pluie sur le tarmac laissait présager le chaos. L’espoir était donc double pour les britanniques avec Lewis et sa première apparition à domicile avec Ferrari auquel il a pu s’illustrer durant les essais libres et l’enfant du pays Norris qui s’adjuge de la deuxième séance, préparant le terrain pour un week-end mémorable.
Les qualifs nous ont offert son lot de surprises, plaçant Max Verstappen et sa Red Bull en pole position, venant devancer les Mclaren d’Oscar Piastri et de Lando Norris. Juste derrière les deux autres héros locaux en la personne de George Russell (Mercedes) et Hamilton en embuscade prêt à en découdre. Cette configuration de la grille de départ, combinée à une météo capricieuse allait forcer les équipes à naviguer entre pneus intermédiaires et pneus slicks, le tout rendant ce grand prix d’anthologie.
La Guerre Civile Papaye : Le Rêve de Norris, le Déboire de Piastri

Pour Mclaren, Silverstone devait être une consécration. Ce le fut, mais au prix d’une tension interne qui redéfinit la lutte pour le championnat du monde. La course a été un conte de deux coéquipiers aux destins croisés. Si Max Verstappen a pris le meilleur départ depuis sa pole , la piste s’asséchant a rapidement joué en faveur des Mclaren. Oscar Piastri, avec une manœuvre audacieuse, a pris la tête de la course et a commencé à creuser un écart impressionnant de plus de 13 sec, et malgré la première voiture de sécurité il compta jusqu’à 3 secondes d’avance sur son coéquipier au 24e tour. La victoire semblait lui tendre les bras.

Cependant, le tournant de la course, fut une pénalité de 10 sec infligée à l’Australien pour une infraction derrière la voiture de sécurité. La pénalité est jugé sévère et aurait (à mon avis) du être de 5 sec. Mais les commissaires ont jugé qu’il avait ralenti de manière excessive et freiné brusquement à plus de 200 km/h avant une relance, forçant Verstappen à une manœuvre d’évitement, il a été annoncé comme une conduite erratique (d’après la télémétrie observé il ne change rien à son restart par rapport à la 1ère voiture de sécurité cependant les conditions climatiques plus compliqué explique cette pénalité). Piastri a purgé sa pénalité lors de son dernier arrêt au stand au tour 43, un arrêt qui a duré 14,5 secondes au total, le temps de chausser les pneus medium. Ce délai a permis à Norris, qui s’est arrêté un tour plus tard, de prendre les commandes et de filer vers une victoire émouvante, franchissant la ligne avec 6,812 secondes d’avance.
Les émotions dans le clan Mclaren étaient aux antipodes. Norris, submergé par la joie, a décrit ce moment comme « tout ce dont j’ai toujours rêvé », le sentiment le plus fort en dehors d’un titre mondial. Piastri, lui, était visiblement dépité, qualifiant la pénalité de « tellement injuste » et refusant presque de commenter l’incident, persuadé de n’avoir rien fait de mal. Fait révélateur, il a eu le culot de demandé à son équipe d’intervenir en lui rendant sa position, malin, mais une requête qui fut refusée. Cette décision de la part de Mclaren est un signal fort : l’écurie ne se contentera plus de gérer ses pilotes pour assurer un doublé. Elle autorise désormais une lutte ouverte et directe pour le titre, transformant une relation jusqu’alors coopérative en une rivalité intense où chaque point comptera, à commencer par l’écart au championnat qui n’est plus que de 8 points.
239 Départs pour la Gloire : La Rédemption pour l’incroyable Hulk

Si la victoire de Norris a fait exulter le public britannique, le résultat le plus universellement célébré de la journée fut sans conteste la troisième place de Nico Hulkenberg. Après 239 départs en Grand Prix, le pilote allemand a enfin brisé la malédiction qui le privait de podium, mettant fin à la plus longue attente de l’histoire de la F1. Parti d’une lointaine 19e place sur la grille, sa performance fut un chef-d’œuvre de pilotage et de stratégie dans des conditions dantesques.
La clé de son succès réside dans une exécution parfaite de la part de l’équipe Kick Sauber, dirigée par le nouveau et très respecté Team Principal Jonathan Wheatley, ancien de Red Bull. L’équipe a fait les « bons choix au bon moment », notamment en passant aux pneus intermédiaires neufs juste au moment où la pluie redoublait d’intensité. Le point d’orgue de sa course fut une défense héroïque dans les derniers tours face à la Ferrari d’un Lewis Hamilton déchaîné, déterminé à ne pas laisser échapper ce qui serait « son jour ».
La réaction du paddock fut unanime et sincère. De Max Verstappen à Lewis Hamilton, en passant par ses anciens coéquipiers comme Carlos Sainz qui l’a toujours considéré comme un « pilote du top cinq sur la grille », tous ont salué l’exploit. L’impréparation de son équipe à un tel événement a donné lieu à un geste de grande classe : Sauber n’ayant pas prévu de champagne, ce sont les écuries rivales Mercedes et Aston Martin qui en ont livré à leur stand pour que la fête soit complète. Pour Jonathan Wheatley, il s’agissait du « podium le plus mérité de l’histoire de la F1 », une « masterclass » de son pilote. Ce résultat est une démonstration éclatante que, dans l’ère du plafond budgétaire, l’excellence opérationnelle et une stratégie sans faille peuvent permettre à une écurie de milieu de grille de déjouer les pronostics et de battre des voitures intrinsèquement plus rapides. En propulsant Sauber de la neuvième à la sixième place du championnat constructeurs, ces 15 points valent de l’or.
État des Championnats : Un Nouvel Ordre Mondial
Position | Pilote | Équipe | Points | Écart |
---|---|---|---|---|
1 | Oscar Piastri | Mclaren | 234 | – |
2 | Lando Norris | Mclaren | 226 | 8 |
3 | Max Verstappen | Red Bull | 165 | 69 |
4 | George Russel | Mercedes | 147 | 87 |
5 | Charles Leclerc | Ferrari | 119 | 115 |
6 | Lewis Hamilton | Ferrari | 103 | 131 |
7 | Kimi Antonelli | Mercedes | 63 | 171 |
8 | Alex Albon | Williams | 46 | 188 |
9 | Nico Hulkenberg | Sauber | 37 | 197 |
10 | Esteban Ocon | Haas | 23 | 211 |
À la mi-saison, le Grand Prix de Grande-Bretagne a provoqué des changements sismiques dans les classements, dessinant les contours d’un nouvel ordre mondial en Formule 1. La lutte pour le titre n’est plus une affaire multiple, mais un duel fratricide chez Mclaren, tandis que derrière, une bataille acharnée s’engage pour les places d’honneur.
La saison 2025 s’est effectivement scindée en deux championnats parallèles : une catégorie reine disputée uniquement par Mclaren, et une « Formule 1.5 » pour tous les autres. L’écart de 238 points entre Mclaren et Ferrari au championnat constructeurs est plus grand que le total de points de la Scuderia elle-même, un gouffre que Fred Vasseur juge lui-même quasi impossible à combler. Pour des équipes comme Ferrari, Mercedes et Red Bull, l’objectif n’est plus la victoire, mais la consolidation de la deuxième place, une bataille cruciale pour les récompenses financières et l’élan en vue de la nouvelle réglementation de 2026.
Bouleversements : Les Tombés et les Limogés
La brutalité de la Formule 1 s’est manifestée à la fois sur la piste et en dehors durant la semaine de Silverstone. La course elle-même a fait son lot de victimes, avec cinq abandons enregistrés. Franco Colapinto (Alpine) a calé dans les stands, Liam Lawson (Racing Bulls) a été victime d’une collision au premier tour, Gabriel Bortoleto (Sauber) est parti à la faute, Isack Hadjar (Racing Bulls) a subi un lourd accident dans les conditions mixtes, et Kimi Antonelli (Mercedes) a dû se retirer après que son diffuseur a été endommagé dans l’accrochage avec Hadjar.
Mais la plus grande onde de choc est venue le mercredi suivant la course, avec l’annonce du licenciement avec effet immédiat de Christian Horner, directeur de l’équipe Red Bull Racing depuis 20 ans. Cette décision fait suite à plus d’un an de troubles internes et d’allégations qui ont secoué l’écurie. La réaction du clan Verstappen a été particulièrement scrutée. Son manager, Raymond Vermeulen, a déclaré que « rien ne change pour nous », tout en soulignant l’urgence de « retrouver la performance. Et rapidement ». Max Verstappen lui-même s’est contenté d’un bref hommage au passé sur les réseaux sociaux : « Merci pour tout, Christian! ». Ce départ, loin de clore une crise, pourrait marquer le début de l’effondrement de l’écurie. En pleine période de sous-performance, la suppression du pilier central du leadership crée un vide de pouvoir qui pourrait déclencher une fuite des cerveaux et, surtout, le départ de son pilote vedette, dont le contrat contient des clauses de performance et qui est constamment lié à un avenir chez Mercedes.
En Route pour Spa-Francorchamps
Après les émotions de Silverstone, le paddock se tourne vers le prochain défi, et non des moindres : le mythique circuit de Spa-Francorchamps pour le Grand Prix de Belgique, du 25 au 27 juillet. Ce monument du sport automobile servira de test ultime pour la nouvelle hiérarchie établie en F1.
Spa est le circuit le plus long du calendrier, avec ses 7,004 km serpentant à travers la forêt des Ardennes. C’est une piste « de pilote », adorée pour son mélange de longues lignes droites, comme celle de Kemmel, et de virages rapides et exigeants tels que le complexe Eau Rouge/Raidillon, Pouhon ou Blanchimont. Le défi principal pour les équipes sera de trouver le compromis de réglage parfait entre une faible traînée pour la vitesse de pointe et un appui aérodynamique élevé pour le secteur intermédiaire sinueux. À cela s’ajoute la variable la plus célèbre de Spa : une météo notoirement imprévisible, capable de détremper une partie du circuit tout en laissant une autre sèche.
Pour compliquer encore la tâche, le week-end se déroulera sous le format Sprint, avec une course courte le samedi, réduisant d’autant le temps d’essais pour peaufiner les réglages. Spa sera donc un creuset.
Merci à tous.
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